Cet article est le quatrième d’une série d’article, où je fais part de mes surprises, en tant qu’acteur de la région mais néophyte dans le domaine du tourisme, à la suite du repérage par une enquête en ligne et d’entretiens conduits auprès de professionnels du tourisme, de leurs envies d’innovation touristique.
Ce repérage concourt à la démarche animée par le Comité Régional du Tourisme Centre-Val de Loire de création d’un « écosystème régional d’innovation touristique ».
La rédaction de ces articles vise à nous aider à créer un écosystème qui soit véritablement créateur de valeurs.
Cet article se distingue des précédents, dans la mesure où lieu des envies d’innovation touristique, il traite des prérequis à la création d’un écosystème.
La 4e surprise issue du repérage est sans doute la plus marquante et la plus unanime : j’ai mené 15 entretiens en face à face, auprès d’hébergeurs, de restaurateurs, de châteaux, de parcs et jardins, d’offices de tourisme, d’ADT, etc. Et dans tous les cas, c’était l’un des points centraux de la discussion : les acteurs de la région et les territoires débordent d’initiatives. Cet appétit de tourisme est une force ! En revanche, ces initiatives ne sont pas coordonnées, occasionnant une énorme déperdition d’énergie pour les professionnels et les institutionnels, et surtout une confusion pour les touristes.
Une des causes identifiées est le fait que tous les échelons territoriaux traitent du tourisme : communautés de communes, pays, départements, région (et national…). Et au sein même d’un échelon, plusieurs organisations peuvent en avoir la responsabilité : offices de tourisme, services de développement économique, chambres consulaires, etc. « Tout le monde fait du tourisme, donc personne n’en fait », m’a-t-on glissé. En soi, le fait que les acteurs à plusieurs échelles du territoire s’intéressent au tourisme n’est pas un mal, c’est le manque de cohérence qui est critiqué.
Une autre cause citée à plusieurs reprises est que le tourisme est aussi « vecteur d’image des territoires », en plus d’être une activité économique. Si bien qu’il peut y avoir la crainte dans les territoires « de se faire absorber si nous mutualisons », et donc d’affaiblir son image…
La dispersion : un épuisement pour les professionnels, une complexité pour les touristes
Les conséquences sont une multiplication d’initiatives géniales, mais qui se chevauchent, la multiplication de sites Internet fragmentaires que doivent fouiller les touristes pour concevoir leurs parcours, une accumulation de marques et de signalétiques, des ruptures de transport et de conseils touristiques qui suivent les frontières administratives.
Les mots utilisés ont parfois été durs : « C’est absurde », « On n’y comprend rien », « C’est un truc de fou ».
Je ne compte plus le nombre de fois où mes interlocuteurs et interlocutrices m’ont montré un site Internet ou une brochure en me disant qu’ils étaient perdus et ne trouvaient pas l’offre, ou m’ont tendu une carte touristique dont la partie au-delà de la frontière administrative est grisée, en me demandant : « Mais, il n’y a plus rien au-delà la frontière ? Pourtant mes touristes y vont. Dire à un allemand que c’est un autre département, et donc qu’il n’y a pas d’informations est incompréhensible pour lui… ». Ou même, ils m’ont tout simplement interpelé : « Mais, vous vous êtes concerté avec l’ADT ? » (ou « avec la CCI », ou avec une autre institution…).
La région Centre-Val de Loire est extraordinairement riche de patrimoines et d’offres touristiques, ses châteaux sont mondialement connus. Et pourtant, le département de la Creuse fait rêver plusieurs des professionnels que j’ai pu interviewer car les institutionnels du département ont réussi à réunir tous leurs sites Internet en un seul. Ces professionnels ne réclament pas forcément que la région suive le même chemin. Mais, de toute évidence, il y a là un point de douleur essentiel à traiter.
De nombreuses fonctions ont été proposées pour l’écosystème : espaces d’échange d’idées et d’expériences entre professionnels, labs d’expérimentations, ingénierie de projets, projets collectifs structurants comme les mobilités ou la data touristique.
Mais à ce stade de la démarche, j’ai le sentiment que l’enjeu essentiel de cet écosystème d’innovation touristique serait d’abord d’apporter « une innovation organisationnelle » qui permette d’amener de la cohérence à l’échelle régionale, pour amener de la simplicité aux professionnels et aux touristes, et rendre plus facile l’accès à notre offre. Ou, a minima, que cette recherche de cohérence, au moins sur l’innovation touristique, soit un prérequis pour permettre l’existence des fonctions citées plus haut.
Des pistes pour organiser l’écosystème
Quelques pistes ont été proposées pour organiser un écosystème pragmatique et opérationnel.
Construire une gouvernance qui implique les élus des territoires :
Les élus des collectivités jouent un rôle essentiel, non seulement sur les choix touristiques (promotion d’une destination, création d’une offre, mais aussi mutualisation…) mais également sur l’ensemble des autres décisions qui peuvent avoir des conséquences sur le tourisme (aménagement, transport, urbanisme…), et sur les conséquences que les choix touristiques peuvent avoir sur la collectivité (impact de la fréquentation touristique sur le prix de l’immobilier ou la qualité de vie des habitants). Ce sont eux, en grande partie, qui peuvent impulser une dynamique en faveur de la cohérence ou de la dispersion des initiatives touristiques à l’échelle régionale.
Le souhait a donc été exprimé à plusieurs reprises pour qu’ils participent activement à la gouvernance de l’écosystème, a minima pour entendre les enjeux soulevés par les professionnels et les techniciens.
Un engagement des professionnels dans la gouvernance et la vie de l’écosystème
Un second prérequis est l’engagement des professionnels. Les élus jouent un rôle essentiel. Mais ce sont bien les professionnels qui sont les moteurs de l’activité, de la créativité, des coopérations et des échanges. C’est leur présence qui justifie l’existence d’un écosystème et leur implication qui fait qu’il existe…
Dans un autre domaine, le cluster CYGO des industriels du vélo du grand Ouest m’a été cité comme une démarche inspirante : c’est une initiative issue des professionnels, qui a par la suite été accompagnée par les collectivités.
Porter un projet qui serve au collectif, malgré les concurrences
Que ce soit entre professionnels ou entre territoires, il y a des enjeux de concurrence ou d’identité qui sont légitimes. La force de l’écosystème sera de trouver un équilibre de coopétition, où la collaboration dans un projet collectif joue un rôle essentiel pour chacun, mais dans un environnement qui laisse la place aux intérêts propres… Pourvu qu’ils soient compatibles avec ce projet collectif.
Une illustration est donnée par Christophe Lunais sur la manifestation « L’Automne Gourmand » : une démarche portée par le Conseil Régional et la CCI Centre-Val de Loire qui a réuni tous les départements dans une programmation évènementielle gastronomique, mais en laissant à chaque territoire son identité propre.
Le souhait du CRT Centre-Val de Loire dans la création de cet écosystème n’est pas en être le leader, mais qu’il soit approprié et porté par les différents acteurs du tourisme, professionnels et territoires.
Une démarche inscrite dans la durée, mais avec des résultats rapides et concrets
La construction d’un écosystème s’inscrit nécessairement dans la durée : « Pour arriver à fusionner les sites Internet de la Creuse, il leur a peut-être fallu 5 ans, et que les étoiles soient bien alignées ! ».
Convaincre prend du temps ; apprendre à travailler avec de nouveaux partenaires d’une manière différente ou sur de nouvelles problématiques nécessite un apprentissage. Lancer et mener des projets structurants requiert un engagement politique et opérationnel de long terme et stable. Et pour justifier ces implications de long terme, il est nécessaire de construire une vision commune.
Mais à plus court terme, pour générer et maintenir cet engagement, il faut également pouvoir obtenir rapidement des succès. La démarche du Campus PatMAT (Patrimoine, Métiers d’art et Tourisme) peut nous inspirer : en plus du projet de fond et structurant de coopération pédagogique entre professionnels et organismes de formation, le campus a également fait le choix de renforcer des projets déjà existants, et a lancé des initiatives visibles et rapidement réalisables, comme le Triporteur « Un métier à la clef » menée avec l’UMIH.
Moins de dispersions dans le millefeuille touristique… Plus d’engagements de long terme des élus alors qu’ils ont chacun leurs enjeux locaux et sont soumis à des cycles électoraux. Plus d’engagements des professionnels alors que nombre d’entre eux sont des TPE. Cela peut ressembler à des vœux pieux !
Mais l’obstacle n’est pas le manque d’initiatives. Et la région a déjà un beau succès en termes de cohérence et de coopétition qui fait référence dans toute la France : la Loire à Vélo. Nous en sommes donc capables.
Pour nous aider dans cette démarche, le CRT Centre-Val de Loire a proposé à l’économiste spécialisé en innovation, Maximilien Brabec, de faire travailler, au début décembre 2022, une centaine d’acteurs du tourisme sur « notre rêve collectif de création de valeur pour demain ».
Dans sa démarche, Maximilien nous invite à nous méfier de « l’innovation washing », et nous propose la définition suivante de l’innovation : « apporter une nouvelle valeur décisive par rapport à hier ». Une des étapes est justement de « s’attaquer aux choses aberrantes aujourd’hui ».
Je ne sais pas encore quelle direction prendra le collectif, mais à l’issue de ce repérage, j’ai l’impression qu’amener de la cohérence à l’échelle régionale, « pour créer plus de valeur en en faisant moins » fera partie des sujets dont il voudra se saisir.
Contact : Sophie Martinez Almansa, Responsable Innovation, Territoires et Compétences s.martinez@centre-valdeloire.org – 07 84 16 03 81
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Cet article est le quatrième d’une série d’article, où je fais part de mes surprises, en tant qu’acteur de la région mais néophyte dans le domaine du tourisme, à la suite du repérage par une enquête en ligne et d’entretiens conduits auprès de professionnels du tourisme, de leurs envies d’innovation touristique.
« Il y a des idées fabuleuses ! Mais on fait trop de choses.
Elles s’étouffent, et on n’y comprend plus rien. »
© Sabine Ferrand, UMIH 41
« Une chose qui me surprend en tant que professionnel :
c’est qu’il puisse y avoir de la compétition entre territoires ! »
© Christophe Lunais, Cuisine en Loir-et-Cher
« Dans le tourisme, nous sommes typiquement dans un millefeuille administratif. On pourrait gagner en efficacité et pertinence en coopérant mieux et différemment. »
© Cécile Bonneau, Conseil Régional Centre-Val de Loire
Ce repérage concourt à la démarche animée par le Comité Régional du Tourisme Centre-Val de Loire de création d’un « écosystème régional d’innovation touristique ».
La rédaction de ces articles vise à nous aider à créer un écosystème qui soit véritablement créateur de valeurs.
Cet article se distingue des précédents, dans la mesure où lieu des envies d’innovation touristique, il traite des prérequis à la création d’un écosystème.
La 4e surprise issue du repérage est sans doute la plus marquante et la plus unanime : j’ai mené 15 entretiens en face à face, auprès d’hébergeurs, de restaurateurs, de châteaux, de parcs et jardins, d’offices de tourisme, d’ADT, etc. Et dans tous les cas, c’était l’un des points centraux de la discussion : les acteurs de la région et les territoires débordent d’initiatives. Cet appétit de tourisme est une force ! En revanche, ces initiatives ne sont pas coordonnées, occasionnant une énorme déperdition d’énergie pour les professionnels et les institutionnels, et surtout une confusion pour les touristes.
Une des causes identifiées est le fait que tous les échelons territoriaux traitent du tourisme : communautés de communes, pays, départements, région (et national…). Et au sein même d’un échelon, plusieurs organisations peuvent en avoir la responsabilité : offices de tourisme, services de développement économique, chambres consulaires, etc. « Tout le monde fait du tourisme, donc personne n’en fait », m’a-t-on glissé. En soi, le fait que les acteurs à plusieurs échelles du territoire s’intéressent au tourisme n’est pas un mal, c’est le manque de cohérence qui est critiqué.
Une autre cause citée à plusieurs reprises est que le tourisme est aussi « vecteur d’image des territoires », en plus d’être une activité économique. Si bien qu’il peut y avoir la crainte dans les territoires « de se faire absorber si nous mutualisons », et donc d’affaiblir son image…
La dispersion : un épuisement pour les professionnels, une complexité pour les touristes
« Avec l’ADT, le CRT, la CCI, le national…, il y a tellement de groupes de travail. C’est un truc de fou ! Je ne tiens plus le compte. »
© Alban Roger, Rando Vélo
« Les touristes ne se posent pas la question des frontières.
Ça ne les intéresse pas. »
© Laurent Cherrier, Camping Sites et Paysages les Saules
Les conséquences sont une multiplication d’initiatives géniales, mais qui se chevauchent, la multiplication de sites Internet fragmentaires que doivent fouiller les touristes pour concevoir leurs parcours, une accumulation de marques et de signalétiques, des ruptures de transport et de conseils touristiques qui suivent les frontières administratives.
Les mots utilisés ont parfois été durs : « C’est absurde », « On n’y comprend rien », « C’est un truc de fou ».
Je ne compte plus le nombre de fois où mes interlocuteurs et interlocutrices m’ont montré un site Internet ou une brochure en me disant qu’ils étaient perdus et ne trouvaient pas l’offre, ou m’ont tendu une carte touristique dont la partie au-delà de la frontière administrative est grisée, en me demandant : « Mais, il n’y a plus rien au-delà la frontière ? Pourtant mes touristes y vont. Dire à un allemand que c’est un autre département, et donc qu’il n’y a pas d’informations est incompréhensible pour lui… ». Ou même, ils m’ont tout simplement interpelé : « Mais, vous vous êtes concerté avec l’ADT ? » (ou « avec la CCI », ou avec une autre institution…).
La région Centre-Val de Loire est extraordinairement riche de patrimoines et d’offres touristiques, ses châteaux sont mondialement connus. Et pourtant, le département de la Creuse fait rêver plusieurs des professionnels que j’ai pu interviewer car les institutionnels du département ont réussi à réunir tous leurs sites Internet en un seul. Ces professionnels ne réclament pas forcément que la région suive le même chemin. Mais, de toute évidence, il y a là un point de douleur essentiel à traiter.
De nombreuses fonctions ont été proposées pour l’écosystème : espaces d’échange d’idées et d’expériences entre professionnels, labs d’expérimentations, ingénierie de projets, projets collectifs structurants comme les mobilités ou la data touristique.
Mais à ce stade de la démarche, j’ai le sentiment que l’enjeu essentiel de cet écosystème d’innovation touristique serait d’abord d’apporter « une innovation organisationnelle » qui permette d’amener de la cohérence à l’échelle régionale, pour amener de la simplicité aux professionnels et aux touristes, et rendre plus facile l’accès à notre offre. Ou, a minima, que cette recherche de cohérence, au moins sur l’innovation touristique, soit un prérequis pour permettre l’existence des fonctions citées plus haut.
Des pistes pour organiser l’écosystème
Quelques pistes ont été proposées pour organiser un écosystème pragmatique et opérationnel.
Construire une gouvernance qui implique les élus des territoires :
« Pour moi, l’écosystème ce serait un lieu avec une bonne gouvernance, où l’on ait le courage de poser les questions difficiles sur les mutualisations et les coopérations. »
© Julien Aubrat, Tourisme Loiret
« L’animation du tourisme sur un territoire a besoin d’élus qui s’engagent sur le long terme, et qui lancent des projets plus longs que le temps politique. »
© Vincent Couly, Domaine Pierre et Bertrand Couly
Les élus des collectivités jouent un rôle essentiel, non seulement sur les choix touristiques (promotion d’une destination, création d’une offre, mais aussi mutualisation…) mais également sur l’ensemble des autres décisions qui peuvent avoir des conséquences sur le tourisme (aménagement, transport, urbanisme…), et sur les conséquences que les choix touristiques peuvent avoir sur la collectivité (impact de la fréquentation touristique sur le prix de l’immobilier ou la qualité de vie des habitants). Ce sont eux, en grande partie, qui peuvent impulser une dynamique en faveur de la cohérence ou de la dispersion des initiatives touristiques à l’échelle régionale.
Le souhait a donc été exprimé à plusieurs reprises pour qu’ils participent activement à la gouvernance de l’écosystème, a minima pour entendre les enjeux soulevés par les professionnels et les techniciens.
Un engagement des professionnels dans la gouvernance et la vie de l’écosystème
« L’écosystème ? L’idéal, ce serait que ce soient les acteurs touristiques
qui en prennent le leadership. »
© Cécile Bonneau, Conseil Régional Centre-Val de Loire
Un second prérequis est l’engagement des professionnels. Les élus jouent un rôle essentiel. Mais ce sont bien les professionnels qui sont les moteurs de l’activité, de la créativité, des coopérations et des échanges. C’est leur présence qui justifie l’existence d’un écosystème et leur implication qui fait qu’il existe…
Dans un autre domaine, le cluster CYGO des industriels du vélo du grand Ouest m’a été cité comme une démarche inspirante : c’est une initiative issue des professionnels, qui a par la suite été accompagnée par les collectivités.
Porter un projet qui serve au collectif, malgré les concurrences
« Une des forces de notre fédération est d’arriver à dépasser nos concurrences pour faire réseau. »
© Pierre-Charles Harry, Unat Centre-Val de Loire
Que ce soit entre professionnels ou entre territoires, il y a des enjeux de concurrence ou d’identité qui sont légitimes. La force de l’écosystème sera de trouver un équilibre de coopétition, où la collaboration dans un projet collectif joue un rôle essentiel pour chacun, mais dans un environnement qui laisse la place aux intérêts propres… Pourvu qu’ils soient compatibles avec ce projet collectif.
Une illustration est donnée par Christophe Lunais sur la manifestation « L’Automne Gourmand » : une démarche portée par le Conseil Régional et la CCI Centre-Val de Loire qui a réuni tous les départements dans une programmation évènementielle gastronomique, mais en laissant à chaque territoire son identité propre.
Le souhait du CRT Centre-Val de Loire dans la création de cet écosystème n’est pas en être le leader, mais qu’il soit approprié et porté par les différents acteurs du tourisme, professionnels et territoires.
Une démarche inscrite dans la durée, mais avec des résultats rapides et concrets
« La clef du succès pour innover et favoriser le changement,
c’est de collaborer autour de projets ! »
© Livia Avaltroni, Campus PatMAT
La construction d’un écosystème s’inscrit nécessairement dans la durée : « Pour arriver à fusionner les sites Internet de la Creuse, il leur a peut-être fallu 5 ans, et que les étoiles soient bien alignées ! ».
Convaincre prend du temps ; apprendre à travailler avec de nouveaux partenaires d’une manière différente ou sur de nouvelles problématiques nécessite un apprentissage. Lancer et mener des projets structurants requiert un engagement politique et opérationnel de long terme et stable. Et pour justifier ces implications de long terme, il est nécessaire de construire une vision commune.
Mais à plus court terme, pour générer et maintenir cet engagement, il faut également pouvoir obtenir rapidement des succès. La démarche du Campus PatMAT (Patrimoine, Métiers d’art et Tourisme) peut nous inspirer : en plus du projet de fond et structurant de coopération pédagogique entre professionnels et organismes de formation, le campus a également fait le choix de renforcer des projets déjà existants, et a lancé des initiatives visibles et rapidement réalisables, comme le Triporteur « Un métier à la clef » menée avec l’UMIH.
Quelle démarche pour construire l’écosystème ?
« Y arriver, ça demande des renoncements.
Et pour renoncer, il faut qu’on voit qu’on y gagne. »
© Julien Aubrat, Tourisme Loiret
« Il ne faut pas toujours se dire : c’est la mode donc on doit le faire”. »
© Michèle Quentin, APJRC
Moins de dispersions dans le millefeuille touristique… Plus d’engagements de long terme des élus alors qu’ils ont chacun leurs enjeux locaux et sont soumis à des cycles électoraux. Plus d’engagements des professionnels alors que nombre d’entre eux sont des TPE. Cela peut ressembler à des vœux pieux !
Mais l’obstacle n’est pas le manque d’initiatives. Et la région a déjà un beau succès en termes de cohérence et de coopétition qui fait référence dans toute la France : la Loire à Vélo. Nous en sommes donc capables.
Pour nous aider dans cette démarche, le CRT Centre-Val de Loire a proposé à l’économiste spécialisé en innovation, Maximilien Brabec, de faire travailler, au début décembre 2022, une centaine d’acteurs du tourisme sur « notre rêve collectif de création de valeur pour demain ».
Dans sa démarche, Maximilien nous invite à nous méfier de « l’innovation washing », et nous propose la définition suivante de l’innovation : « apporter une nouvelle valeur décisive par rapport à hier ». Une des étapes est justement de « s’attaquer aux choses aberrantes aujourd’hui ».
Je ne sais pas encore quelle direction prendra le collectif, mais à l’issue de ce repérage, j’ai l’impression qu’amener de la cohérence à l’échelle régionale, « pour créer plus de valeur en en faisant moins » fera partie des sujets dont il voudra se saisir.
Contact : Sophie Martinez Almansa, Responsable Innovation, Territoires et Compétences
s.martinez@centre-valdeloire.org – 07 84 16 03 81